Eddy Dorsaz et la démarche Marque Valais

Je voulais en découvrir plus sur cette histoire de "Marque Valais". On m'a donc murmuré à l'oreille que j'devrais prendre le temps de faire un tour chez Eddy Dorsaz au Domaine du Grand Brûlé qui appartient à la Cave de l'Etat.
Mais c'est quoi cette histoire de "Cave de l'Etat" ?
Une réserve secrète de vin pour nos politiciens ?
Une école de formation pour les apprentis ?
Un laboratoire de tests avec des cobayes en lever de coude ?
... J'avais beaucoup trop de question !
Histoire d'assouvir ma curiosité, il était grand temps que je fasse un petit tour des lieux ! Et je ne pouvais pas tomber sur plus impliqué dans cette histoire qu'Eddy Dorsaz. Ça fait 25 ans que le bonhomme arpente les murs et les vignes de ce domaine, depuis qu'il y a postulé comme apprenti, un peu au hasard.

Un peu d’histoire
Entre la fin des années 1800 et le début des années 1900, il y a eu une sale bête qui a ravagé le vignoble européen, le Phylloxera. Il a fallu 30 ans que pour la viticulture se remette de cette catastrophe. La solution a été le "Bois américain", résistant à ce petit insecte. C'est dans l'idée d'en produire pour pouvoir assurer les besoins du vignoble valaisan qu'a été créée en 1921 la "Cave de l'Etat". (Tu le sens venir le 100e de folie?)
Au fil des années son rôle a évolué et c'est aujourd'hui le plus grand réservoir génétique du Valais. Ils y font des tests, analysent, rendent des rapports consultables par tous les vignerons, ils centralisent la connaissance de la viticulture valaisanne pour qu'elle profite au plus grand nombre. Ils sont aussi à l'avant-garde, en réfléchissant au réchauffement climatique et aux cépages qui seront le mieux adapté aux températures en hausse de ces prochaines décennies. Bref, à la Cave de l'Etat, on teste les vins de demain !
Je découvre avec lui que par exemple, il n'existe pas une seule sorte de Petite Arvine, mais bien des dizaines, toutes avec des propriétés génétiques différentes : plus sucrées, plus productives, etc... Ils vinifient ces groupes de cépages parfois séparément, pour voir ce que ça donne ou alors en les élevant avec des techniques différentes. Un vrai labo de test !
Au passage ils produisent des vins de grande qualité qui sont servis dans les réceptions officielles et que toi aussi tu peux te procurer (et que tu te dois de déguster, par ailleurs !). Il te suffit de passer du côté du Domaine du Grand Brûlé à Leytron. Ils ont un joli petit shop à l'entrée avec tous leurs vins exposés.

Vu que cette équipe a toujours un coup d'avance, ils font partie des premiers producteurs à avoir adhéré à la démarche "Marque Valais". Ça tombe bien, j'avais envie d'avoir un avis concret !
La démarche Marque Valais et son cahier des charges 13 étoiles
Avec deux de ses vins (johannis vieilles vignes et malvoisie) certifiés"Marque Valais", Eddy était le personnage tip top pour me parler de cette nouvelle démarche qui a été lancée il y a quelques mois. Après les fruits, les confitures et autre, il était grand temps que le produit phare de notre terroir ait aussi sa certification .
L'idée de base est que tous les acteurs de la viticulture puissent regarder ensemble dans la même direction : Vers l'avenir ! Promouvoir une manière de travailler, durable, éthique et écologique.
Passer en bio, cela peut représenter un monstre casse-tête, quelques sacrifices et face à l’ampleur de la tâche, aux habitudes qu’il faut changer, certains vignerons (même très bien intentionnés et conscients des défis futurs) repoussent un peu le moment de s’y mettre. Pour Eddy, c’est en cela que la Marque Valais peut jouer un rôle sympa. Grâce à la notion de "Bio parcellaire", elle permet aux vignerons d'apprivoiser cette nouvelle manière de travailler "tranquilou" sur l'une de leurs parcelles, découvrir les joies du bio, se familiariser, tenter et finalement... kiffer !
Et pour les vignerons qui ont déjà sauté le pas, c'est l'occasion de valoriser le travail qu'ils réalisent depuis plusieurs années pour tendre vers une production toujours plus respectueuse de son terroir et de l'environnement.

Pour pouvoir déposer l'un de leurs vins en "Marque Valais", ils doivent respecter un cahier des charges très précis. J'te décrypte tout ça :
1. Suppression des engrais minéraux de synthèse sur la parcelle
2. Traitements phytosanitaires sans produits de synthèse
3. Amélioration de la vie des sols : Absence d’herbicides sur la parcelle
> En gros, fini les machins chimiques ! C'est tellement beau les vignes au sol vert
4. Favoriser la biodiversité
> C'est quand tu fais revenir dans ta vigne des bêtes inoffensives pour tes ceps mais trop top pour la nature
5. Protection et utilisation raisonnée de l’eau
> Il existe de nombreuses techniques et astuces pour diminuer la consommation d'eau. Suffit de s'y mettre !
6. Mise en valeur du terroir et de l’expression originelle des raisins et des Vins du Valais
> Ils doivent te filer un vin dans son état le plus originel, sans ajout de sucre par exemple
7. Collaboration entre les parties prenantes
> Le vigneron met en place des plans d'action RH pour la santé et la sécurité de ses employés, mais aussi en collaborant avec ses clients, ses voisins. les organisations professionnelles, etc... Bref, quand il ne reste pas dans son coin et qu'il partage son savoir-faire, ses préoccupations et ses expériences pour trouver des solutions !
8. Transfert et partage du savoir-faire
> Former son personnel en interne et transmettre ses connaissances
9. Valorisation du travail des vignes et du raisin
> Assurer au vigneron que sa production et son job seront financièrement valorisés avec un prix au kilo différent
10. Entretien et reconstitution des murs de vignes en pierre sèche
> Parce que bon sang, c’est un de nos plus beaux patrimoines et que ça doit pas partir en friche, cette histoire !
11. Favoriser la diversité génétique
> Ton apéro ne serait pas le même si t'avais le choix entre du fendant et du fendant, avoue.
12. Communication sur la Marque Participation active à la valorisation du développement durable, de la Marque Valais et de ses produits
> Ce point encourage les vignerons à te recevoir, à la cave, dans sa vigne, à te faire découvrir son métier et ses démarches au quotidien
13. Transparence : référencer les opérations techniques
> On a jamais assez d'une vie pour expérimenter toutes les erreurs et réussites, autant les partager, apprendre et avancer ensemble, franchement
Alors tu te doutes bien que mettre tout ça en place, avec toute la bonne volonté du monde, ça ne se fait pas en un claquement de doigts. Durant les 3 premières années, les vignerons doivent tout d'abord assurer que la production soit biologique, puis les 10 années suivantes ils peuvent se focaliser sur le retour de la biodiversité dans leurs vignes.
Et toi dans tout ça ?
Quand tu débouches ta bouteille, t'es assuré que l'intégralité de la production "du cep à la bouteille" a été réalisé sur nos terres, mais aussi que t'as dans tes mains un très bon vin valaisan. Au-delà de ce cahier des charges stricte à respecter, les vins passent également par une dégustation dans le palais de professionnels qui choisissent les heureux élus pour représenter notre canton.
Personnellement, j'aime beaucoup l'idée qu'il y ait également une notion "éthique" dans le vin que je bois. J'trouve hyper sympa qu'ils aient intégré dans la charte des points qui incitent à une formation continue des employés et surtout vers le partage de connaissances entre tous les acteurs. L'idée d'une démarche globale, qui permette à tout le monde de tirer à la même corde pour promouvoir, préserver et bonifier notre patrimoine, franchement c'est top !
Pour cette première volée, tu peux te procurer 39 vins de 15 caves différentes avec l'estampille "Marque Valais". Tu peux retrouver tout ça par ici :
Tu reconnaîtras ces vins labellisés avec cette étiquette déposée au dos de la bouteille :

Je te souhaite des belles découvertes !
Des becs
Amanda